
Pourquoi les bouteilles de vin n'ont-elles pas toutes la même forme ?

De la bordelaise aux flûtes alsaciennes, la forme des bouteilles de vin reflète l’histoire et les traditions régionales. Pourtant, elles n’ont pas toujours ressemblé à celles que nous connaissons. Voici pourquoi les bouteilles adoptent des silhouettes différentes, malgré une contenance standardisée de 75 cl.
Les Anglais à l’origine du conditionnement du vin en bouteille
Ce sont les Anglais qui, les premiers, eurent l'idée de conditionner les vins français en bouteille pour faciliter leur exportation. Depuis, à l'exception du clavelin jurassien, toutes les bouteilles de vin standards ont une contenance de 75 cl. La forme des bouteilles, elle, varie selon les régions. De la flûte alsacienne à la bouteille provençale en passant par le frontignan, utilisé à Bordeaux, la taille du fût, la forme de l'épaule et la longueur du col ne sont pas les mêmes.
Les bouteilles ont-elles toujours existé ?
Non. Jusqu'au XVIIème siècle, avant l’intervention des Anglais, le vin était conservé dans des tonneaux. Ni très pratique, ni très étanche… Ce sont les Anglais qui eurent alors l'idée d'utiliser les bouteilles. Fabriquée en verre teinté, la bouteille permet à la fois de protéger le vin de la lumière, de mesurer précisément la quantité vendue et même de mettre au point de nouveaux types de vins, comme le champagne. Pas étonnant qu'elle ait séduit les vignerons pour s'imposer dans toute la France dès le XVIIIème siècle !
Quels types de bouteilles trouve-t-on en France ?
Devenue incontournable dans l'hexagone, la bouteille n'est pas pour autant unique. On dénombre 7 grandes formes différentes de bouteilles, chacune liée à une tradition régionale.
• Le frontignan (couramment appelée la bouteille bordelaise) : épaules rondes, col cylindrique : elle est la plus répandue
• La flûte alsacienne : haute, élancée, emblématique
• La bouteille de champagne : épaules tombantes, fond creux résistant à la pression

• La bouteille bourguignonne / Loire : col fin, épaules tombantes
• La bouteille rhodanienne : quasi identique à la bourguignonne avec un fût un peu plus large

• Les bouteilles provençales : formes flûte à corset ou à forme d’entonnoir (la côtes de Provence
)

• Le clavelin du Jura : trapu, 62 cl obligatoires pour le vin jaune

Les variations se jouent ensuite sur les détails : poids du verre, gravures, épaisseur… Les bouteilles de Loire sont par exemple plus fines que celles de Bourgogne.
La forme de la bouteille change-t-elle le goût du vin ?
Non. Les régions ont choisi des bouteilles différentes avant tout pour affirmer leur identité et permettre une reconnaissance immédiate.
Le vin, lui, gardera le même goût dans une bouteille élancée, oblongue ou épaulée. Seul le volume influe réellement sur son évolution :
• une demi-bouteille vieillit plus vite
• un magnum augmente le potentiel de garde
Les vignerons de la région sont-ils obligés d'utiliser la bouteille locale ?
Tout dépend des régions. Si la bouteille bordelaise (le frontignan) est largement majoritaire à Bordeaux, rien n'empêche les vignerons d'utiliser une bouteille dite bourguignonne. C'est d'ailleurs le cas du Château Haut-Brion : ce premier grand cru classé est embouteillé dans une quille aux épaules tombantes et au col fin depuis toujours.
En revanche, certaines appellations imposent une bouteille précise pour pouvoir revendiquer l’AOC.
C’est le cas du vin jaune du Jura, exclusivement conditionné en clavelin (62 cl), ou encore des vins d’Alsace, pour lesquels la flûte est inscrite dans le cahier des charges.
D’autres régions ont développé leur propre bouteille emblématique, devenue obligatoire pour l’appellation ; l’AOP Picpoul de Pinet utilise ainsi la bouteille Neptune, reconnaissable à sa couleur verte, son col entouré de vagues et la croix du Languedoc. Depuis 2016, elle est même gravée du nom de l’appellation. Et bien sûr, l’AOC Châteauneuf-du-Pape se distingue par une bouteille spécifique, autorisant l’apposition des armes pontificales : un privilège unique en France.
Certaines bouteilles sont-elles réservées à des appellations en particulier ?
Non. Même s'il ne viendrait pas forcément à l'esprit d'un vigneron bordelais d'utiliser une bouteille de champagne ou un clavelin pour conditionner ses vins rouges, il en a techniquement le droit. Les formes ne sont donc pas protégées juridiquement, même si leur usage reste très codifié. Ainsi :
• la flûte alsacienne est répandue en Allemagne, Autriche ou Italie,
• la bouteille de champagne est utilisée pour les crémants et mousseux,
• le frontignan demeure la bouteille la plus répandue au monde, devant la bourguignonne.
Les détails (gravures, armoiries, mentions) restent en revanche spécifiques à certaines appellations, comme Châteauneuf-du-Pape.
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