Champagnes de vignerons : 8 bulles à (re)découvrir sans se ruiner

L’automne signe la fin des vendanges et le retour des bons petits plats réconfortants : l'occasion pour Yoann Palej de reprendre la route, là où il se sent le mieux : dans sa bulle champenoise. De la Marne à l’Aube, bottes encore poudrées de craie, il est allé saluer ces vignerons qui font tout, de A à Z. Voici une sélection de 8 bulles à (re)découvrir sans (trop) se ruiner : des cuvées franches, droites ou gourmandes, glanées au fil des visites, des rencontres chaleureuses et des tables qui s’étirent. Parole d’enfant du pays.

Champagne Yannick Prévoteau, Cuvée Amandine, Base 2020/21, Brut

Vallée de la Marne & coteaux du Vitryat : un blanc de blancs lumineux qui revendique la craie avec élégance. La robe or pâle étincelle, le nez séduit immédiatement : fleur d’acacia, pain chaud, zeste de citron juste râpé. En bouche, c’est la caresse des argiles et la droiture crayeuse qui se répondent : mousse onctueuse, fraîcheur précise, un grain délicieusement tactile qui allonge. À ce tarif, c’est un coup sûr pour l’automne : apéritif qui fait mouche, puis cap sur un bar au jus court, des langoustines grillées ou une assiette d’huîtres. Un style net, gourmand, terriblement buvable ; La bouteille qui met tout le monde d’accord sans jamais alourdir la note. Plaisir garanti !

Prix public : 29.50€ TTC - Tout savoir sur le Champagne Yannick Prévoteau

Champagne André Fays, Cuvée Infinity, Méthode Solera, Brut Nature

Côte des Bar, Celles-sur-Ource : une pente argilo-calcaire qui donne de l’élan au chardonnay. Infinity naît d’une méthode solera soigneusement entretenue (environ 20 % d’apport chaque année), puis 30 mois de repos en cave. Le nez s’ouvre sur le citron, la poire, les herbes fines (fenouil, tilleul) et une pointe fumée. La bouche, crémeuse à l’attaque, déroule un fruit pulpeux porté par une acidité citronnée nette, sans sécheresse : la finale se fond et revient par vagues. Un brut nature précis, fin, à la persistance étonnante. Anecdote de route : je l’ai ouvert chez un ami du Clos Marie (Pic Saint-Loup) - même (con)sidération de part et d’autre de la table. Comme un caméléon de l’automne, il peut s’accorder à un carré de porc, pommes fondantes ou un œuf parfait, tombée d’épinards, crème de comté, lanières de saumon fumé. Production confidentielle : petit volume, grand frisson.

Prix public : 41€ TTC - Contact : champagne.fays@orange.fr

Champagne A.Margaine, Rosé de Saignée 2018, Brut

Montagne de Reims, Villers-Marmery. Voici un rosé de saignée (70 % pinot noir, 30 % chardonnay) séduisant, plein de chair et de profondeur (fraise, cerise, cranberry). La craie de Villers-Marmery, elle, tient le vin droit, salin, et prolonge la gorgée. Résultat : un rosé gastronomique, construit pour la table autant que pour la contemplation, qui se bonifie avec le temps et goûte la pivoine, le zeste de citron et un soupçon d’épices douces. À ce niveau, on paie la rareté du style, la cohérence millésimée, l’élevage patient et une vraie capacité d’évolution : autant d’atouts qui justifient de monter un peu le curseur côté budget. À servir sur un thon mi-cuit sésame/soja. Tellement gourmand !

Prix public : 48€ TTC - Visitez le domaine en cliquant sur le site Champagne Margaine

Champagne Liébart-Régnier, Excelia 2018, Brut

Vallée de la Marne, Baslieux-sous-Châtillon. La rencontre est née via Marianne Gamet (Champagne Gamet à Mardeuil), prolongée à Wine Paris, puis il a fallu aller voir ça de mes propres yeux. J’ai donc pris mon bâton de pèlerin pour aller rencontrer la famille au pays. Et je n’ai pas été déçu. La gamme entière aurait sa place ici. Mais ce champagne d’assemblage millésimé a ce quelque chose d’émotion qui fait la différence. Dans le verre, 2018 déroule une bouche savoureuse, avec mâche et matière en fil conducteur - le pinot noir donne l’élan, le chardonnay tient la ligne (zeste, craie). La longueur impressionne, sans lourdeur. À table : on s’y voit avec une terrine de lapin piment d’Espelette, ou une volaille rôtie, légumes racines au jus. Une bulle chaleureuse, sincère, réconfortante, à prix sage. Addictif.

Prix public : 32€ TTC - Cliquez ici pour tout savoir sur le Champagne Liebart Regnier

Champagne Guenin, Nature d’Argile, base 2021, brut nature

Retour à la maison, dans l’Aube, vers Essoyes. J’avais flashé sur le domaine au Chien de l’Aube 2024. En 2025, je repasse saluer Axelle & Sébastien… et la magie reprend : coup de cœur confirmé. Ici, le pinot noir (vignes ~40 ans), partiellement élevé en fût, prend une dimension tactile et élégante qui fait chavirer. Le terroir commande le style, argiles pour la chair et la mâche, craie pour la droiture et l’allonge. Le nez claque sur la griotte et la framboise, avec ce côté feuille froissée et épices fines qui met l’eau à la bouche. La bouche est ciselée mais charnue, l’effervescence satinée, la finale vibrante, interminable, parfaite pour la table d’automne. Accord “plaisir immédiat” : jambon persillé, girolles poêlées, pâté en croûte : ça chante, ça réchauffe, ça donne envie de resservir. Brut nature limpide, net, terriblement désirable : le genre de bouteille qui vous rappelle pourquoi on aime tant la Côte des Bar.

Prix public : 50€ TTC - Cliquez sur la page Instagram Champagne Guenin

Champagne De Sousa, Gd Cru Blanc de Blancs Réserve, Base multi-millésimes, Brut

Côte des Blancs, Avize. La quintessence du chardonnay grand cru : un blanc de blancs lumineux, d’une pureté exemplaire et d’une digestibilité chirurgicale. Vinifié en cuves pour préserver la grâce du cépage et l’éclat de la craie, il aligne un nez irrésistible de fleurs blanches, zeste citronné et amande fine, ourlé d’une touche briochée très haute-couture. La bouche est cristalline, droite, saline, portée par une effervescence d’une grande finesse. L’assemblage (2–3 années, ≥ 25 % de réserve) lui confère une profondeur rare sans la moindre lourdeur. À l’apéritif, il fait des étincelles et à table, il sublime huîtres, Saint-Jacques, risotto citron-parmesan, jusqu’à une volaille crémée. Si vous cherchez un champagne à l’élégance naturelle, c’est celui qu’il vous faut.

Prix public : 46€ TTC - Cliquez ici pour découvrir le Champagne de Sousa

Champagne Benoit Michel, Cuvée Esprit de Cave, Assemblage Blanc, Base 2007, Extra-Brut

Encore une fois, la Vallée de la Marne (Monthelon/Moussy) a fait mouche (ou mousse, c’est selon !). Un flacon reçu en échantillon… Et, dès le premier nez, l’émotion : une mémoire de cave qui s’ouvre doucement : quetsche, coing, miel léger, biscuit, une touche de fruits secs et d’agrume qui tient la ligne. En bouche, la crème des longues lies sans lourdeur : matière ample, bulles fines, fraîcheur sous-jacente qui relance et étire la finale sur le nougat croquant. On sent les années patientes, la patine, le temps bien employé, l’assemblage maitrisé (Pinot noir, chardonnay et meunier) et on laisse respirer dans un verre tulipe, 10-12 °C, et le vin raconte la Champagne par couches successives. À table, c’est un bonheur sur vol-au-vent, pâté-croûte champenois, sushis de poissons crus ou une volaille rôtie au jus. J’ai regardé le prix… et j’ai souri : un vrai trésor de cave à portée de main.

Prix public : 26.50€ TTC - Pour plus d'informations, cliquez sur Champagne Benoit Michel

Champagne Julien Prélat, Cuvées Les Vignes Basses, Base 2022, Extra-Brut

Côte des Bar, Celles-sur-Ource. Découvert au Chien de l’Aube 2025 : une amie, Andréa (andee_a_table sur Instagram), me glisse “Attention, y’a pépites là !”. Elle avait raison. On déguste une partie de la gamme, le feeling s’installe tout de suite : bulles fines, jus savoureux, équilibre évident… et ce pur meunier - assez rare dans le coin - qui sort du rang. Vigne plantée en 1986, malo faite, vinification inox sur lies fines : la précision de la cave laisse parler le terroir argilo-calcaire kimméridgien. Nez de poire mûre, mirabelle, petites baies rouges, une pointe de fleur d’aubépine et de poivre blanc : bouche sèveuse, droite, portée par une effervescence soyeuse et une salinité crayeuse qui allonge. Identitaire sans rigidité, charmeur sans sucrosité : le meunier dans ce qu’il a de plus franc et énergique. À table, on l’imagine aisément sur un filet mignon à la moutarde ancienne, une tourte forestière ou un chaource juste crémeux. Coup de cœur assumé. Au passage, Karine, sa femme, s’occupe des vins tranquilles (Rosé des Riceys et Coteaux Champenois) et ça dépote sérieusement !

Prix public : 40€ TTC - Cliquez sur ce lien pour tout savoir des champagnes Julien Prelat.

Crédits photos : Yoann Palej

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