Cépages méconnus, la Counoise

Variété typiquement méditerranéenne, résiliente et aromatique, la Counoise joue les seconds rôles avec brio dans des appellations qui vous sont familières. Elle contribue à l’équilibre des grands assemblages de Châteauneuf-du-Pape à la Californie.

Un cépage aux origines mystérieuses

Ne soyez pas surpris de la voir également porter le nom "coneze", "counèse" ou "quenoise". Si les experts peinent à s’accorder sur sa signification, elle serait un dérivé du mot provençal conois qui signifie raisin. Une connexion qui paraît logique lorsque l’on sait qu’elle est ancrée dans le sud de la France. Une autre histoire raconte qu’elle aurait été importée d’Espagne par un vice-légat nommé Counesa qui l’aurait offerte au pape Urbain V.

Aurait-elle été implantée ici au XIV^ème siècle ? Ce qui est certain, c’est qu’elle est mentionnée dès 1626 à Avignon et ne s’est depuis jamais véritablement détachée de la Vallée du Rhône méridionale. Elle est ce que l’on appelle une variété secondaire. On l’ajoute en petite proportion dans les assemblages, souvent pour profiter de sa fraîcheur, de ses notes épicées et de sa complexité. C’est d’ailleurs à travers les assemblages de Châteauneuf-du-Pape, appellation légendaire, qu’elle a pu atteindre une petite notoriété. Un premier pas dans les vins racés grâce auquel elle a légèrement étendu son spectre par la suite.

L’amour des terroirs gorgés de soleil

Sa grappe, sombre et compacte, présente généralement comme deux ailes. Protégée par des feuilles larges et à peine lobées, elle abrite de petites baies d’un bleu foncé, profond, presque noir. La Counoise est considérée assez vigoureuse, avec des rendements intéressants. Elle s’adapte parfaitement à la douceur du climat méditerranéen, bien qu’elle souffre de la sécheresse en période de stress hydrique. Mais elle sait résister aux autres maladies.

C’est un cépage tardif qui apprécie les coteaux chaleureux. Les vignerons connaissent son appétence pour les terroirs ensoleillés et bien drainés du sud de l’hexagone. Les sols caillouteux et argilo-calcaires sont ses meilleurs alliés pour parvenir à maturité optimale. Plus ils sont pauvres, plus elle parviendra à concentrer ses arômes, sans trop en faire. La Vallée du Rhône méridionale, qui regorge de ce type de paysages, l’a adoptée sans hésiter. Elle y brille aux côtés du Grenache, de la Syrah et du Mourvèdre. Même constat en Provence et dans le Languedoc, dans certaines AOC, d’autres terres gorgées de soleil. Des vignerons visionnaires, parmi lesquels la famille Perrin, l’ont même emmenée à l’autre bout du monde, au cœur des vallées de la Napa et de Sonoma. En Californie, elle continue d’explorer la diversité de son profil aromatique.

Fraîcheur et complexité

Il est rare mais pas impossible de la déguster en monocépage, mais elle apporte le plus souvent sa personnalité au cœur d’assemblages. Des cuvées habituellement confidentielles, puisque la Counoise ne représente que près de 400 hectares en France.

Au nez, ce sont ses arômes de poivre et de fruits noirs qui impressionnent. La mûre se mêle joliment à la cerise noire et à la réglisse. Elle se distingue par son acidité marquée qui lui confère une superbe fraîcheur naturelle. Cette vivacité est la raison pour laquelle elle vient en petites touches contrebalancer des assemblages un peu lourds. Idem pour ses tanins réputés pour leur finesse et leur souplesse.
Dans l’ensemble sa structure est douce et agréable, et vient en support de cépages plus puissants et concentrés. Elle arrive à atténuer le caractère robuste du Grenache ou la rusticité du Mourvèdre par exemple.

A la charge des vinificateurs d’arriver à composer le mariage idéal entre toutes ces variétés au tempérament bien trempé. Elle contribue également au potentiel de garde et à la longueur en bouche. Discrète mais passionnante.

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